Du gaspillage alimentaire à tous les étages !
La France jette 10 millions de tonnes d’aliments par an.
Une étude de l’Ademe révèle l’ampleur du gâchis en France du champ à l’assiette.
Elle mesure le total des pertes et gaspillages générés sur 26 filières alimentaires représentant plus de 80 % des produits consommés en France et à chaque étape de la chaîne alimentaire.
Pour la première fois donc, une étude permet de comparer l’importance du gâchis, en tonnages et en euros, selon sa place dans la chaîne alimentaire et selon la filière agricole.
Au total, ce sont 10 millions de tonnes de produits perdus et gaspillés pour l’alimentation humaine par an en France. La valeur théorique de ce gaspillage est évaluée à 16 milliards d’euros et son impact carbone estimé à près de 15,3 millions de tonnes équivalent CO2/an, soit environ 3 % des émissions nationales !
Tous concernés !
Dans le domaine des pertes et gaspillages alimentaires, tous les acteurs sont concernés, que ce soient les producteurs, les transformateurs, les distributeurs, les restaurateurs (restauration collective et commerciale) ou les ménages.
Sur les 10 millions de tonnes perdues et gaspillées par an, 33 % le sont lors de la phase de consommation, 32 % lors de la production, 21 % lors de la transformation et 14 % lors de la distribution.
Contrairement à l’idée largement répandue, le gaspillage et les pertes ne sont donc pas concentrés sur la phase de consommation.
En revanche, plus de 40 % de la valeur de ces pertes et gaspillages correspondent à l’étape de consommation. En effet, la valeur du produit augmente au fil de la chaîne du fait du coût du transport, de la transformation, de la vente ou de la publicité, faisant ainsi augmenter la valeur des pertes correspondantes.
PRODUCTION
3 215 824 t
22 027 millions d’€
1 801 765 t équivalent CO2/an
TRANSFORMATION
2 132 813 t
2 200 millions d’€
3 022 887 t équivalent CO2/an
DISTRIBUTION
1 388 792 t
4 536 millions d’€
3 804 689 t équivalent CO2/an
CONSOMMATION
1 898 095 t
4 099 millions d’€
3 935 517 t équivalent CO2/an
Pour les différents acteurs, la part des pertes et gaspillages varie entre 3,3 % et 7,3 % des tonnages gérés : 7,3 % pour la consommation, 4,5 % pour la transformation, 4 % pour la production et 3,3 % pour la distribution.
Ces pertes peuvent paraître relativement faibles en pourcentage (mais pas en tonnage !), ce qui ne favorise pas la prise de conscience et la mise en œuvre d’actions correctives.
Et pourtant, pour certains acteurs économiques, ces pertes peuvent être, en valeur, du même ordre de grandeur que leur marge brute !
A l’échelle du quotidien du consommateur au foyer, les pertes alimentaires sont de 29kg/personne/an, c’est-à-dire environ 34g/repas/convive (répartis entre la préparation, les restes et les hors repas).
Elles sont en revanche 4 fois plus importantes en restauration collective et commerciale (138g/repas/convive). Cela tend à montrer que ce sont davantage des contraintes qui conduisent aux pertes et gaspillages qu’un comportement « non responsable ».
En restauration collective et commerciale le choix est imposé, il est difficile d’ajuster les portions à chacun et très rarement possible de conserver ce que l’on n’a pas fini.
Les fruits et légumes arrivent en tête des produits les plus jetés. Ces produits, plus fragiles, sont davantage perdus et gaspillés au niveau de la production du fait notamment de produits abîmés, de surproduction saisonnière et des exigences du marché à certaines périodes.
A l’inverse, les produits d’origine animale sont davantage perdus au niveau de la consommation.
Comment réduire les pertes alimentaires ?
Aujourd’hui, tous les acteurs peuvent réduire leurs pertes et gaspillages alimentaires de manière significative, améliorer leur image et réaliser des économies qui pourraient alors être réinvesties dans la qualité des produits.
En améliorant la valeur de l’alimentation elle est davantage respectée et donc moins jetée !
Pour réduire l’ampleur du « gâchis » alimentaire, les idées ne manquent pas pour les différents acteurs de la chaîne alimentaire :
Pour les producteurs :
- assouplissement des cahiers des charges des distributeurs et des transformateurs présentant moins d’exigence de calibre et d’aspect,
- un écoulement de la surproduction, notamment via de nouveaux circuits de valorisation pour l’alimentation humaine.
Pour les transformateurs :
- améliorations de process de production,
- mise en valeur des denrées non utilisées afin de créer de nouveaux produits destinés à la consommation humaine plutôt qu’à l’alimentation animale
Pour les distributeurs :
- gestion optimisée des rayons pour les supermarchés et les supérettes (péremption, nombre de produits référencés …),
- circuits de valorisation pour les pertes (transformation de produits, dons à des associations caritatives…).
Pour la restauration collective et commerciale :
- amélioration de la prévision des ventes en incitant à la réservation,
- travail sur la taille des portions (facturation au poids, taille des contenants) et sensibilisation du personnel et des consommateurs pour ajuster les portions.
Pour la consommation finale, au foyer :
- meilleure connaissance des produits et des techniques de conservation,
- meilleure compréhension des dates de péremption, recettes adaptées aux ingrédients disponibles …
Exemples d’initiatives anti-gaspi :
De nombreuses initiatives pour réduire les pertes et les gaspillages alimentaires sont déjà mises en œuvre :
– applications pour alerter lorsque la date de péremption approche. Plusieurs applications pour téléphones et tablettes se sont multipliées ces dernières années. « CheckFood » ou « dans mon frigo » par exemple, permettent de scanner les produits achetés, puis de rentrer la date de péremption afin d’être tenu au courant quelques jours avant et d’agir en conséquence.
– Optimiam : application des promos anti-gaspi. Optimiam noue des partenariats avec les commerces de proximité afin de les aider à vendre à temps leurs excédents alimentaires via des promos et ainsi éviter le gaspillage alimentaire.
– la plateforme en ligne « Fresh me up » propose de mettre en relation les distributeurs et les transformateurs afin de diminuer le gaspillage alimentaire en trouvant des débouchés aux invendus.
– les « gueules cassées », les « fruits et légumes moches »… sont des opérations qui cherchent à valoriser les oubliés de la grande distribution : les fruits et légumes hors calibre ou avec des défauts mineurs, souvent écartés des étals alors qu’ils ont les mêmes qualités gustatives que les autres.
…
Si la réduction des pertes à la source est une priorité, l’augmentation du don et l’amélioration de la gestion des pertes et gaspillages sont également des axes de progrès possibles.
Retrouvez ici toutes les informations utiles dans notre dossier spécial « le don alimentaire »
Pour en savoir plus :
Pertes et gaspillages alimentaires : l’état des lieux et leur gestion par étapes de la chaîne alimentaire
Ademe – mai 2016
Le dossier de presse de l’étude « Pertes et gaspillages alimentaires : l’état des lieux et leur gestion par étapes de la chaîne alimentaire »
Téléchargez ici le rapport complet ou la synthèse de l’étude